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Mickaël Forrest: «La France a des obligations dans la mise en oeuvre de la Déclaration pour l’octroi de l’indépendance aux pays colonisés»

Entretien avec Mickaël Forrest, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et vice-président de l’Union calédonienne, principale composante de la coalition indépendantiste FLNKS –Front de libération nationale kanak et socialiste-. Réalisé par Alejandro López.

Edición en español – Édition française

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Mickaël Forrest lors de sa visite à Madrid, Espagne, 2021.
  • [Question]: La Nouvelle-Calédonie a convenu avec la France en 1998 d’organiser jusqu’à 3 référendums d’indépendance selon l’Accord de Nouméa. Les deux premiers ont montré une majorité en 2018 et 2020 en faveur de rester dans la France, bien que le mouvement indépendantiste ait sensiblement progressé. Le dernier référendum este prévu pour 2022, année où se dérouleraient les élections présidentielles en France, pourquoi avez-vous accepté de l´avancer à décembre 2021?

[Réponse]: On a pas trouver d’accord pour la date avec les partenaires locaux en Kanaky, l’Etat français a donc pris ses responsabilités en convoquant le troisième référendum pour le 12 décembre 2021. Six mois, c’est court pour organiser la campagne mais nous serons mobilisés car c’est avant tout notre droit inné et actif à la pleine souveraineté. Je rappelle également les 47% pour le OUI en octobre 2020 donc il faut pouvoir trouver la dynamique pour faire accéder Kanaky à l’indépendance politique pour répondre aux enjeux actuels de notre planète et particulièrement aux enjeux des îles du Pacifique.

  • [Q]: En cas d´une victoire du OUI, quel est votre projet politique pour la Nouvelle-Calédonie? Comment remplaceriez-vous la contribution de plus de 1000 millions d’euros que la France apporte à la Nouvelle-Calédonie?

[R]: Notre projet est celui de la campagne de 2018 qui présente notre vision d’un Etat indépendant dans le Pacifique au XXIème siècle avec notamment l’organisation politique institutionnelle, les fondements et les valeurs du nouvel Etat, sa politique monétaire, économique, etc… La photographie de la contribution de l’Etat français est illusoire car il s’appuie sur une situation coloniale avec des mécanismes d’aides au développement similaires à ceux développés en Afrique. Nous militons pour l’évènement d’une société plus juste, plus solidaire particulièrement avec une réparation des richesses équitable pour tous les enfants du pays. Actuellement, nous avons un PIB de 8600 milliards d’euros, nous saurons trouver les leviers afin d’offrir un avenir prospère aux générations futures.

  • [Q]: Si le NON à l’indépendance se concrétise, l’accord stipule qu’une nouvelle relation avec la France doit être négociée. Souhaitez-vous soutenir la création d’un État libre associé similaire à celui des îles Mariannes du Nord? Pensez-vous qu’avec le changement des compétences, vous pourriez atteindre vos objectifs de gouvernement en tant que communauté d’outre-mer ou vous trouverez une autre formule?

[R]: Nous travaillons pour la victoire du OUI mais le non l’emporte, l’accord de Nouméa oblige une discussions entre les signataires pour évaluer la situation ainsi créée. Nous militons pour la mis en place de la période d’installation du nouvel Etat. Le processus étant irréversible, les parties prenantes devront assumer la responsabilité d’une souveraineté nationale notamment autour d’interdépendances négociées. A ce titre, nous devrons nous appuyer d’avantage sur le transfert des compétences pour faire coïncider nos perspectives de développement sur la base réelle des intérêts et des défis actuels d’une île du Pacifique souveraine et indépendante.

  • [Q]: Une autre option serait l’autonomie que Niue ou les Îles Cook conservent vis-à-vis de la Nouvelle-Zélande avec une reconnaissance du droit à l’autodétermination. Comment évaluez-vous cette possibilité?

[R]: Dans le cadre des travaux du comité spécial de décolonisation de l’ONU, une réflexion et un débat ont été organisés avec la puissance administrante. Cependant, le cas et l’époque sont différentes. L’accord de Nouméa est un processus politique irréversible, sachons être à la hauteur des enjeux du nouvel Etat en devenir.

  • [Q]: Envisagez-vous la demande de nouveaux référendums en dehors de l’Accord de Nouméa? Et une voie unilatérale vers l’indépendance avec un référendum non convenu avec la France?

[R]: L’accord prévoit uniquement trois consultation référendaire. La voie unilatérale avec la France n’est pas à l’ordre du jour. Néanmoins, nous sommes inscrit sur la liste des pays à décoloniser des nations unies et la France a également des obligations dans la mise en oeuvre de la Déclaration pour l’octroi de l’indépendance aux peuples et aux pays colonisés.

  • [Q]: Le nickel est l’un des grands moteurs économiques de la Nouvelle-Calédonie mais son exploitation reste entre des mains étrangères, surtout entreprises occidentaux. Comment votre projet indépendant gérerait-il cette ressource? Chercheriez-vous un renforcement des liens avec la Chine comme cela a déjà été fait avec une partie de l’industrie métallurgique?

[R]: Depuis plusieurs décennies, le nickel est le poumon économique du pays. Notre principal objectif est d’en maitriser la ressource et d’en faire une recette obligatoire pour les intérêts de la Nations Kanak. La Chine est notre principal acheteur depuis des années, la relation vendeur-acheteur peut être développer. Enfin, la gouvernance «nickel» actuelle doit nécessaire évoluer vers un modèle où les intérêts humains et environmentaux devront être réels.

  • [Q]: Quelle politique économique appliquerait le Front de libération nationale kanak et socialiste? Est-ce que vous pourriez nationaliser des secteurs clés de l’économie comme les mines ou autres?

[R]: Notre projet économique s’appuie sur toute la dynamique construite autour de l’humain. Sur son savoir faire, son savoir être et surtout sur sa capacité à construire un avenir prospère autour de la maitrise des ressources du pays, et sur la vision d’un développement durable et intégré.

  • [Q]: En tant que pays indépendant de la France, envisageriez-vous la négociation d’Accords de Libre Association comme cela s’est produit dans la Micronésie? Les Palaos, les Îles Marshall et les États fédérés de Micronésie ont des accords de ce type avec les États-Unis dans des secteurs clés comme la Défense ou les Affaires étrangères. Si c´est le cas, auraiez-vous intérêt à un tel traité avec la France ou envisageriez-vous d’autres pays?

[R]: Nous devrons faire preuve d’innovation durant la période de transition en nous appuyant par exemple sur plusieurs instruments qui participent à la stabilité politique de la région à l’instar de l’accord FRANZ qui réunie la Nouvelle-Zélande, l’Australie et la France autour d’une dynamique stratégique dans la région.

  • [Q]: Une Nouvelle-Calédonie indépendante signifierait la coexistence de communautés diverses. Envisageriez-vous la création d’un État-nation Kanako ou un régime plurinational? Et quel statut auraient les citoyens de Wallis et Futuna lorsque la Nouvelle-Calédonie assumerait pleinement ses pouvoirs en matière migratoire?

[R]: Kanaky-Nouvelle-Calédonie sera une Nation Pluriculturelle, nous l’avons intégrer au rang des fondements du Pays indépendant. La relation avec les territoires français du Pacifique doit répondre aux maintiens des intérêts supérieurs de la France dans la région même si la double nationalité est possible pour tous les citoyens concernés par la consultation référendaire.

  • [Q]: Enfin, je voudrais vous interroger sur les mouvements indépendantistes en Océanie, comme le récent cas de Bougainville, qui a voté en 2019 en faveur de son indépendance de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Son parti, le FLNKS, entretient une alliance directe avec ce pays et d’autres dans la région, le Groupe mélanésien Fer de lance. Ils prétendent également organiser un référendum à Chuuk, dans les États fédérés de la Micronésie. Quelle est votre opinion sur ces processus? D’ailleurs il y a une revendication de la lutte armée en Papouasie occidentale, comment évaluez-vous cette option?

[R]: Le FLNKS soutient sans réserve la lutte pour la pleine souveraineté de WesPapua et dénonce régulièrement le génocide organisé contre ce peuple frère. Dans le même temps, les principales organisations régionales traversent une crise de gouvernance à l’instar du FIP (forum des îles du Pacifique). La re-configuration de la géopolitique mondiale est surtout une opportunité pour l’évènement d’un nouvel Etat indépendant dans le Pacifique et nous nous insérons dans une dynamique de solidarité perpétuelle avec les peuples sous domination coloniale.

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